Définition

Maladie gastroentérologique rare qui se caractérise par une pancréatite aiguë récurrente et/ou une pancréatite chronique chez au moins deux membres de la même famille au premier degré, ou minimum trois membres de la famille au second degré chez au moins deux générations, en l'absence de facteurs de prédisposition identifiés. Cette forme héréditaire rare de pancréatite entraîne des lésions irréversibles des composants exocrines et endocrines du pancréas.

Epidémiologie

La prévalence estimée de la pancréatite héréditaire est d'environ 1/300 000 individus en Europe, variant de 1/800 000 à 1/330 000 individus (1/800 000 en Allemagne, 1/333 000 en France et 1/175 000 au Danemark).

Description clinique

a pancréatite chronique héréditaire (PCH) survient habituellement précocement au cours de la vie, pendant l'enfance et l'adolescence. La présentation clinique varie beaucoup et inclut une douleur abdominale chronique, légère à sévère, associée à une insuffisance pancréatique exocrine conduisant à une mauvaise digestion et/ou une insuffisance pancréatique endocrine (intolérance au glucose évoluant dans certains cas vers un diabète sucré de type 3c). La maladie progresse lentement. Le risque de développer un carcinome pancréatique après l'âge de 50 ans est élevé chez les patients atteints de PCH. Cependant, l'augmentation exacte du risque est difficile à évaluer.

Etiologie

Des mutations du gène PRSS1 (7q34), codant pour le trypsinogène cationique sont responsables de la pancréatite chronique. Il a été montré que les mutations de PRSS1 augmentent la conversion autocatalytique du trypsinogène en trypsine active et entraînent ainsi probablement une activation intra-pancréatique prématurée du trypsinogène, perturbant l'équilibre intra-pancréatique des protéases et de leurs inhibiteurs. D'autres gènes, comme celui du trypsinogène anionique (PRSS2 ; 7q34), de l'inhibiteur de protéase à serine Kazal de type 1 (SPINK1 ; 5q32) et du régulateur de la perméabilité transmembranaire de la fibrose kystique (CFTR ; 7q31.2) seraient associés à la pancréatite chronique (idiopathique et héréditaire). Récemment, il s'est avéré que des mutations de la carboxypeptidase A1 (CPA1 ; 7q32.2), de la lipase carboxyl-estérase (CEL ; 9q34.13) et de la lipase pancréatique (PNLIP ; 10q25.3) étaient associées à la PCH et à la pancréatite chronique idiopathique à début précoce.

Méthode diagnostique

Le diagnostic de la PCH repose sur les signes cliniques, ainsi que les antécédents familiaux de pancréatite chronique, l'absence de facteur précipitant, et un bilan négatif pour les causes connues de pancréatite chronique. L'imagerie (échographie abdominale, échographie endoscopique, exceptionnellement cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE), cholangiopancréatographie par résonance magnétique (CPRM) révèlent des modifications morphologiques, telles que des calcifications pancréatiques, des modifications du canal pancréatique, des pseudokystes, une obstruction des voies biliaires et du duodénum. Le diagnostic peut être confirmé par l'identification des variants des gènes mentionnés ci-dessus.

Diagnostic(s) différentiel(s)

Les diagnostics différentiels incluent d'autres formes de pancréatite chronique, principalement la pancréatite chronique alcoolique, la pancréatique chronique idiopathique et la pancréatite auto-immune.

Méthode prénatal

Le diagnostic prénatal n'est pas encouragé.

Conseil génétique

Un test génétique doit être effectué uniquement chez des patients soigneusement sélectionnés, par séquençage direct de l'ADN. La mutation du gène PRSS se transmet selon un mode autosomique dominant avec pénétrance incomplète.

Prise en charge et traitement

La prise en charge consiste principalement à contrôler la douleur, apporter le soutien nutritionnel, traiter le diabète sucré et supplémenter en enzyme pancréatique pour l'insuffisance exocrine. La chirurgie peut être indiquée dans la prise en charge des complications chroniques et aiguës de la PCH et inclut le débridement, le drainage, la décompression, et très rarement la pancréatectomie. D'autres facteurs de risque de la pancréatite chronique (tabagisme, alcool) doivent être évités.

Pronostic

Le pronostic des patients atteints de PCH est difficile à prévoir, et implique un risque accru de développement d'un carcinome pancréatique.