DÉFINITION ET DESCRIPTION CLINIQUE

La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire pouvant atteindre n'importe quel segment du tube digestif depuis la bouche jusqu'à l'anus.

Elle a été décrite pour la première fois en 1932 par un médecin américain : Burril B Crohn.

C'est une maladie chronique comportant des phases d'activité (ou « poussées ») d'intensité variable alternant avec des phases de rémission plus ou moins complète et prolongée.

Il est impossible de prédire la fréquence des poussées. Ce n'est qu'au fil du temps que l'on peut distinguer les patients dont les poussées sont espacées de ceux qui ont des poussées plus rapprochées. 

La maladie peut intéresser simultanément ou successivement un ou plusieurs segments du tube digestif. Cependant, elle siège le plus souvent sur le gros intestin ou côlon (il s'agit alors d'une colite : le suffixe -ite désignant une inflammation), sur la partie terminale de l'intestin grêle ou iléon (iléite) ou sur les 2 segments (iléo-colite).

SYMPTÔMES ET PRÉVALENCE

La nature des manifestations cliniques de la maladie de Crohn dépend de sa localisation sur les différents segments du tube digestif (intestin grêle, côlon, rectum, anus...).

Les principales manifestations sont intestinales :

  • douleurs abdominales, diarrhée importante glairo-sanglante dans les atteintes coliques
  • diarrhée intermittente dans les formes iléales
  • atteinte de la région anale (fissure, ulcération, fistule, abcès) dans 30 à 50% des cas
  • Stomatite aphtoide (5-25%).

Une altération de l'état général accompagne souvent les poussées : fatigue (asthénie), manque d'appétit (anorexie) et amaigrissement dans 50% des cas, fièvre en cas de poussée inflammatoire.

Si l'amaigrissement est important il peut s'accompagner d'un arrêt de croissance et d'un retard pubertaire. Le retard statural existe dans 40-70% des cas, s’accompagnant d’un retard de maturation osseuse; le retard pubertaire dans 30 à 40% avec un arrêt des règles pendant les poussées

Parfois certaines poussées s'accompagnent de manifestations extra-intestinales : articulaires (arthrites), cutanées (érythème noueux) ou oculaires (uvéite).

 La maladie de Crohn se révèle le plus souvent chez l'adulte jeune (15-40 ans), elle est rare avant 10 ans. Son incidence est de 5/100 000 habitants/an. Chez l’enfant elle se révèle dans 75% des cas entre 10 et 16 ans, dans 25% avant 10 ans, et seulement 3% chez le nourrisson.

La cause de la maladie de Crohn est encore inconnue ; toutefois les recherches récentes permettent de mieux concevoir les mécanismes en cause dans cette affection :

  • La maladie de Crohn n'est pas une maladie « héréditaire » au sens propre du terme, mais il existe un facteur génétique de prédisposition à la maladie, le gène NOD2/CARD15 sur le chromosome 16 du génome humain. D'autres gènes sont vraisemblablement impliqués dans la maladie, comme le laissent supposer les études en cours.
  • Il existe d'autre part des anomalies du système immunitaire intestinal expliquant l'importance et surtout la pérénnisation de l'inflammation intestinale, mais on ne sait pas encore quel(s) facteur(s) déclenche(nt) cette réaction immunitaire.
  • Le rôle d'un facteur alimentaire a souvent été évoqué mais jamais confirmé.
  • La discussion reste ouverte quant au rôle d'un agent infectieux, viral ou bactérien, mais la maladie de Crohn n'est pas une maladie « contagieuse ». La flore bactérienne résidente dans l'intestin joue certainement un rôle.
  • Il ne s'agit pas enfin d'une maladie « psychosomatique » même si des facteurs psychologiques peuvent moduler l'évolution de la maladie de Crohn, comme celle de beaucoup d'autres affections.
  • Parmi les facteurs d'environnement le rôle nocif du tabac est clairement établi.

PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENTS ?

La prise en charge de la maladie est multidisciplinaire : gastro-entérologues, psychologues… 

Il n’existe pas de traitement curatif de la maladie de Crohn. Le traitement atténue les symptômes et réduit les fréquences des rechutes. Il s’agit de traitements médicamenteux, d’acte chirurgical ou d’une adaptation alimentaire.

Un suivi semestriel doit être assuré dès qu’un traitement spécifique est prescrit, et un suivi annuel par un gastro-entérologue est conseillé.

MÉTHODE DIAGNOSTIQUE

Le diagnostic repose sur un ensemble d’arguments cliniques et paracliniques. Il est habituellement posé en phase de poussée. Il repose sur des analyses biologiques et un examen endoscopique du colon et de l’iléum. Des éléments biologiques sont en effet prélevés lors de l’endoscopie pour analyse anatomopathologique.

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